ANALYSE

« Les spécificités de l’assurance vie sont liées à la nature des risques couverts » Nelly Bakang Yomba, Directrice Générale de SUNU Assurances Vie Cameroun

Après l’obtention d’un Baccalauréat série C à Yaoundé au Cameroun, Nelly Bakang Yomba se lance dans des études universitaires scientifiques qui seront sanctionnées en 1989 par une maîtrise d’ingénierie mathématiques à l’Université d’Orléans en France, puis en 1991 par un diplôme de statisticien (mention actuariat ) obtenu à de l’Institut de Statistiques de l’Université de Paris VI-Jussieu. Sa carrière professionnelle débute au Cameroun en 1992 après quelques stages effectués en France au cabinet Georges CHETOCHINE, chez France TELECOM et à la CNP. Elle sera, tour à tour, Chargée d’études à la CNA (Compagnie Nationale d’Assurances devenue Sanlam Assurances Cameroun) puis Responsable du département des assurances de personnes chez Gras Savoye Cameroun (devenue Willis Tower Watson). En 2001, Mme Bakang Yomba fait son entrée dans le groupe Allianz et occupe dès 2007 le poste de Directrice Générale Adjoint de la société Vie au Cameroun pendant sept ans. En 2014, elle devient la Directrice Générale de la filiale togolaise du groupe Allianz qui est rachetée avec cinq autres sociétés par le Groupe SUNU en 2019. Depuis le 1er janvier 2020, Nelly Bakang Yomba est la Directrice Générale de SUNU Assurances Vie Cameroun.

Quelques mots sur SUNU Assurances Vie Cameroun et sur la singularité de son approche ?

SUNU Assurances Vie Cameroun est une filiale du groupe SUNU. Elle a été agréée en 2000 et figure parmi le trio de tête des compagnies d’assurance Vie du marché camerounais. SUNU Assurances Vie Cameroun se distingue particulièrement sur le marché comme étant l’assureur qui accompagne les entreprises dans leur développement mais aussi est pionnière dans l’offre des produits d’assurance Décès et Etudes aux particuliers. Nous sommes très soucieux de construire l’avenir des enfants en assurant leur cursus scolaire et sommes engagés à protéger les familles face aux aléas de la vie.

Quelle est votre appréciation du secteur de l’Assurance au Cameroun, notamment la structuration du marché, la concurrence, la régulation ?

L’Assurance au Cameroun est un secteur en développement constant depuis quelques années même si celui-ci est assez modéré au regard du potentiel du pays. En effet, la concurrence y est accrue avec la présence des groupes majeurs de l’assurance en Afrique aux côtés de compagnies nationales. Le secteur contribue grandement au développement de l’économie camerounaise par le soutien à l’Etat au travers des emprunts publics notamment et par l’emploi de nombreux camerounais dans nos entreprises. Cependant, le dumping et les disparités tarifaires entre les différents acteurs doivent être mieux contrôlés et régulés par l’ASAC (Association des Sociétés d’Assurances du Cameroun) et son nouveau bureau exécutif qui ont commencé à s’y atteler. De plus, vu son impact économique, le secteur de l’assurance devrait être ramené au premier plan au ministère des finances avec la Direction des Assurances récemment remaniée.

Quelles sont, selon vous, les spécificités de l’assurance vie et les principales contraintes qui entravent son développement notamment au Cameroun ?

Les spécificités de l’assurance vie sont liées à la nature des risques couverts qui sont en général fonction des aléas de la vie (risque de décès notamment). L’assurance vie apparaît comme une réelle alternative, face aux élans de solidarité qui se font de plus en plus rares dans les moments difficiles. Mais son caractère formel entraîne quelques réticences des populations qui la considèrent aussi comme un produit élitiste, réservé aux personnes fortunées pour la transmission de leur héritage. Les solutions trouvées, notamment par SUNU Assurances, pour vulgariser l’assurance Vie sont la bancassurance et les canaux de vente directe par nos agents mandataires. L’assurance vie se vend encore beaucoup en face à face même si l’état de certaines routes limite les déplacements, rendant les prospections difficiles et coûteuses dans les zones reculées qui sont pourtant pourvues en potentiels clients. L’adressage limité ne permet pas non plus le suivi rigoureux des clients dans les grandes villes, le paiement des primes étant essentiellement périodique. La digitalisation pour faciliter l’accès aux produits et le paiement à distance des primes sont aussi freinés par les difficultés de communication (appel, connexion internet…) en général. La mise en place de paiements automatiques via les banques reste une solution à parfaire et nous espérons que les partenariats avec les opérateurs de téléphonie mobile compenseront le volume des paiements reçus via les banques.

Quel a été l’impact de la crise du Covid19 sur le secteur de l’Assurance vie au Cameroun ?

D’une manière générale, le secteur de l’Assurance Vie a été impacté de façon sensible par la crise du Covid19. En effet, les mesures barrières dont la distanciation ont considérablement perturbé les prospections et particulièrement les contacts physiques de nos agents mandataires avec les prospects. Nous avons aussi observé un léger regain de mortalité, pas du fait direct du Covid mais certainement en rapport avec le recul que les populations ont adopté vis-à-vis des structures de soins par peur d’être contaminés. Par ailleurs, les assurés atteints de maladies chroniques ayant l’habitude d’être suivis à l’extérieur ont payé un lourd tribut à la crise du Covid19 en raison des restrictions des voyages. Il en est de même pour les personnes nécessitant une évacuation sanitaire vers l’étranger … Du fait de ces conséquences sur notre activité, nous avons dû nous réinventer. La prospection téléphonique a été renforcée avec en prime le travail de saturation de nos portefeuilles. Nous avons également renforcé la disponibilité de nos offres en version électronique sur les réseaux sociaux. Des travaux ont été menés et sont toujours en cours pour la digitalisation et l’automatisation de l’ensemble de nos processus.

Quelle est votre analyse concernant l’idée de la mise en place d’une couverture du risque pandémique ?

S’agissant d’une affection pour laquelle il y a des traitements disponibles, l’assurance maladie ne devrait pas être difficile à envisager. Par contre, la couverture du risque de décès consécutif à cette affection est d’ores et déjà prise en charge par SUNU Assurances et l’essentiel de nos confrères assureurs vie.

Selon vous, quel peut être le modèle africain de l’assurance vie ?

A SUNU Assurances, nous savons que l’assurance Vie doit coller aux us et coutumes de nos pays. Les obsèques occupent une place importante dans notre vie avec toutes les contraintes financières qu’elles imposent pour conduire dignement nos parents à leur dernière demeure en organisant une « fête » digne de leur rang. Par conséquent, il s’agit de quelque chose d’inattendu qui peut être bien géré au travers d’une assurance souscrite à cet effet. Notre offre de produits d’assurance funéraire est à la portée de toutes les bourses et propose toutes sortes de prestations en espèces et même en nature pour combler totalement les besoins des souscripteurs. De plus, nos pays ont des populations jeunes avec comme principal défi l’éducation de ces masses. L’assurance Vie propose aux parents une multitude de possibilités pour leur permettre de remplir leur mission au mieux, même s’ils venaient à disparaître avant la maturité de leurs enfants. Aussi l’allongement de l’espérance de vie et la disparition progressive des formes de solidarité traditionnelle (tontine, communauté, enfants, …) amènent les africains à plus se préoccuper de leur survie pendant la période de la retraite où ils ne pourront vraisemblablement compter que sur eux-mêmes. Pour cela, ils ont besoin d’offres diverses et variées, avec le concours de l’Etat, pour les inciter à épargner pour leurs vieux jours. A SUNU Assurances, nous veillons à ce que l’assurance africaine quitte les beaux quartiers des villes pour se répandre dans toutes les couches de la société, autant urbaine que rurale et devienne un produit de grande consommation car reconnu d’utilité publique.

Propos recueillis par A.S TOURE

© Magazine BUSINESS AFRICA

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page