DIGITALIS, une start-up engagée dans la transformation digitale des entreprises africaines. Entretien avec Kadiatou DOUMBIA, sa Directrice Générale.

Après avoir décroché son Baccalauréat, option Economique et Sociale, Kadiatou DOUMBIA a réalisé un cursus universitaire en Administration et Gestion des Entreprises. Elle choisit ensuite de se spécialiser en Marketing. Pour cela, elle obtient d’abord un Bachelor I en Marketing et Communication, obtenu au sein d’un business school à Paris, complété d’un Bachelor II en Marketing Digital. C’est alors qu’elle intègre un poste de chef de produit puis responsable marketing au sein d’un groupe international spécialisé en RH. Elle aura ainsi l’opportunité de travailler 15 ans dans ce groupe au sein duquel elle occupera différentes fonctions, toujours en marketing digital.
Elle rejoint ensuite un autre groupe international, spécialisé en restauration collective, où elle exercera la fonction de responsable marketing digital et transformation digitale. C’est à partir de là qu’elle commence à penser à mettre ses compétences digitales au service de l’Afrique. Après une brève expérience dans un groupe norvégien, en tant que Directrice Marketing Digital et Expérience Client, elle crée une agence en marketing digital, avec la ferme volonté d’accompagner les entreprises et institutions publiques dans la mise en place de campagnes digitales. Très vite, les demandes évoluent vers l’accompagnement en matière de transformation digitale. Au départ, son activité se concentrait en France, elle décide de les étendre désormais au Mali, son pays d’origine, avant un déploiement à l’échelle continentale.

Tout d’abord, pourquoi avoir lancé DIGITALIS alors que vous étiez promue à une belle carrière en France ? En en quoi consiste son offre ?

J’ai lancé Digitalis avec la volonté de mettre mes compétences acquises en digital au service des organisations africaines. La transformation digitale autrement appelée transformation numérique désigne l’intégration de la technologie digitale dans l’ensemble des activités d’une entreprise ou d’une institution publique. La transformation digitale apporte aussi un dynamisme dans le secteur économique africain et favorise la création d’emplois, l’innovation, le développement économique dans des domaines tels que la santé, le transport, la logistique… C’est aussi un excellent moyen pour les entreprises africaines d’êtres plus compétitives et plus productives. Selon moi, l’Afrique a déjà entamé sa mutation numérique mais on n’a pas nécessairement les compétences nécessaires pour y répondre. D’où l’ambition de Digitalis : aider les organisations africaines à structurer leur mutation numérique, à l’implémenter et également former les ressources digitales de demain en animant des formations digitales. Digitalis est un cabinet conseil en transformation digitale et accélération digitale basé en Afrique, dont l’objectif est d’accompagner les entreprises privées et publiques dans la mise en place de leur transformation numérique. Digitalis se place en véritable partenaire pour aider les entreprises à mettre en place leur transformation numérique et accroître leur compétitivité. Digitalis intervient aux moments clés de la vie d’une entreprise, lorsqu’elle décide d’opérer un virage de stratégie numérique ou d’organisation digitale. Digitalis se positionne en véritable architecte, en s’intéressant à l’organisation interne, puis externe de manière à apporter un conseil global aux entreprises. Elle permet aux organisations de transformer leurs activités afin d’atteindre l’excellence opérationnelle. Notre offre se décompose en 4 volets :

1. Conduite et pilotage de projets : Nos équipes identifient les projets digitaux les plus structurants pour une entreprise. Nous pilotons les projets digitaux d’envergure ayant un impact stratégique en termes de croissance.
2. Consulting : Nous mettons à disposition des organisations une équipe de consultants et d’experts en transformation digitale, sur des missions longues ou courtes, à temps plein ou à temps partiel. Nous définissons leur stratégie de transformation digitale et les aidons à la mettre en œuvre.
3. Optimisation des processus : Nous aidons les entreprises à atteindre leurs objectifs grâce à l’optimisation de leurs processus. Pour cela, nos experts mettent en place un accompagnement personnalisé pour traduire leur stratégie en plans opérationnels.
4. Implémentation d’outils digitaux

Pour être plus concrète, voici des exemples de sujets sur lesquels Digitalis intervient. Pour les Départements RH, il s’agit de la dématérialisation des contrats de travail, des fiches de paie, digitalisation des formations, de la GPEC…Pour les Départements Finance, nous faisons aussi de la dématérialisation des factures, des signatures électroniques…Pour les Départements Marketing, nous proposons des plaquettes digitales, sites internet de vente en ligne, création d’application mobile, boutique en ligne. Pour les Départements Achats, il s’agit d’élaborer des bons de commande dématérialisés, des sites d’achat en ligne…Pour les Départements Communication, nous faisons des rapports annuels dématérialisés. Pour les Directions Informatiques, nous leurs proposons le déploiement CRM, et pour les Directions générales, il s’agit de tout ce qui concerne l’archivage numérique, gestion électronique de documents.

On voit bien que votre cœur de métier est la transformation digitale des entreprises, comment jugez-vous le rythme de cette transformation au Mali où votre entreprise est également basée ? Les entreprises sont-elles conscientes de l’enjeu ?

Le Mali a commencé sa mutation digitale mais je dirais qu’on est encore au début. Beaucoup d’entreprises ont pris conscience de l’enjeu et ont entamé des démarches mais cela reste encore timide. Pourtant, il y a un vrai potentiel quand on voit la croissance au Mali en matière digital, selon le rapport produit par DataReportal. On note +18.5% croissance du nombre d’internautes au Mali  entre 2020 et 2021. +23.5% croissance du nombre d’utilisateurs des médias sociaux au Mali entre 01/2020 et 01/2021. Les entreprises commencent à prendre conscience de l’enjeu mais n’ont pas forcément les compétences pour y répondre. Beaucoup de pays en africains sont très en avance sur ces enjeux comme le Bénin, le Ghana, le Nigéria… Le Mali a donc une carte a jouer pour ne pas prendre du retard par rapport à d’autres pays.

Qui dit transformation digitale, dit également gestion de la data. Comment peut-on rendre le stockage des données informatiques plus sûr et à un coût adapté à la clientèle africaine ?

Il y a des entreprises africaines qui ont déjà créé des outils qui permettent de rendre le stockage des données informatiques plus sécurisées. Le fait que ces outils soient développés en Afrique permet de rendre ces outils plus abordables et fiables. Par ailleurs, on voit aussi l’arrivée sur le marché africain de nouvelles ressources qui ont développé une vraie expertise en la matière. Ils auront un rôle à jouer important dans cette mutation numérique pour aider les entreprises sur ces questions. D’ailleurs, Digitalis accompagne également les entreprises sur ces sujets en leur formulant des recommandations stratégiques ou en leur mettant à disposition des experts en cybersécurité.

Quels seront, demain, les grands enjeux liés à la transformation digitale en Afrique ?

Les grands enjeux liés à la transformation digitale porteront sur tous les outils liés à la dématérialisation des factures, des bons de commande, des devis… Mais aussi et surtout à tout ce qui va concerner la gestion électronique des documents et l’archivage numérique. Avec cette transformation, les organisations vont pouvoir réduire leur empreinte carbone en produisant moins de papier mais aussi faire des économies de couts significatifs. Un autre enjeu sera ce que vont mettre en place les pays africains pour accroitre la couverture réseau dans les grandes villes mais surtout dans les régions plus reculées d’Afrique. Pour favoriser leur mutation numérique, les pays africains devront investir plus dans leurs infrastructures pour permettre un meilleur accès au réseau.

Les métiers du Digital évoluent très vite, ne craignez-vous pas qu’il y’ait en Afrique un manque de ressources humaines qualifiées dans ce secteur ?

C’est un risque qui, je pense, se fait déjà ressentir aujourd’hui. C’est pour cela, qu’il faut former nos ressources humaines sur les métiers du digital dès aujourd’hui avant que les pénuries soient trop importantes. Il faut mettre en place plus de formation en digital, structurer les cursus d’apprentissage pour former plus vite et plus de monde et enfin encourager les vocations en expliquant les métiers aux jeunes.

Quelques mots sur la régulation du secteur, ne pensez-vous pas qu’avec l’essor des réseaux sociaux et des fake news, il faille instaurer une régulation plus forte ?

Oui, il faut effectivement réguler les marchés. Pour cela, les professionnels du secteur ont un vrai rôle à jouer pour porter le sujet auprès des autorités gouvernementales compétentes.

Dernière question, quelles sont les perspectives de DIGITALIS pour les cinq années à venir ? Prévoyez-vous d’étendre vos activités dans d’autres pays ?

Oui, c’est notre objectif. J’ai commencé au Mali car c’est mon pays d’origine mais nous commençons à initier des contacts dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest comme La Côte d’Ivoire, le Bénin le Togo ou même le Sénégal. Dans un second temps, l’objectif est d’étendre nos activités en Afrique Centrale comme en RDC, au Congo ou encore au Cameroun.

Propos recueillis par Anne-Cécile DIALLO

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