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Financement des infrastructures en Afrique. Pour Thierry DEAU, Président de Meridiam « Il faut un leadership des gouvernements pour définir les priorités »

Thierry DEAU, Président de MERIDIAM, fonds de Private Equity spécialisé dans le financement des infrastructures, n’est pas passé par quatre chemins pour plaider pour une plus forte mobilisation de ressources, afin de financer le développement des infrastructures en Afrique. Plus qu’un souhait, ce plaidoyer est presqu’un rappel à l’ordre à l’endroit des différentes parties prenantes, pour une action plus concertée et mieux structurée du financement des infrastructures, pilier du développement économique du continent.

S’agissant de la nécessité de doter le continent africain d’infrastructures de développement, Thierry DEAU a indiqué que MERIDIAM, qui est aujourd’hui parmi les premiers bailleurs de fonds des infrastructures en Afrique, a investi ces dernières années 4 à 5 milliards d’euros dans une dizaine de pays africains, dans des domaines aussi essentiels que l’énergie, l’eau, l’assainissement et même le digital. On note que malgré les nombreux efforts consentis, le continent africain demeure toujours confronté à un déficit de financement des infrastructures, estimé par les organismes régionaux comme la Banque Africaine de Développement (BAD) à plus 100 milliards de dollars par an.

Un déficit persistant en besoin de financement des infrastructures en Afrique

Considérant que le financement des infrastructures requiert une maturité longue le Président de MERIDIAM a décelé quelques écueils et non les moindres, qui concernent principalement le processus de préparation des projets de financement. La réussite de cette étape est, selon lui, essentielle pour développer des projets commercialement viables.  « Les gouvernements africains devraient présenter des projets de meilleure qualité afin de les rendre plus bancables, et susceptibles de convaincre les investissements qu’ils soient locaux ou internationaux » insiste Thierry DEAU, indiquant que pour cela, « Il faut un leadership des gouvernements pour définir les priorités » confie-t-il. Le banquier des infrastructures reste en effet convaincu que ce ne sont pas les ressources financières qui manquent. Les fonds de pension, fonds souverains et compagnies d’assurance notamment, en détiennent suffisamment. Ces institutions disposent, selon lui, de réserve de capitaux si étendue, qu’il en faudrait juste une infime partie, investie sur le continent africain, pour combler son déficit de financement des infrastructures. Il importe donc, pour les Etats africains d’améliorer l’efficacité du financement public des infrastructures et donc concevoir des projets de qualité, susceptibles d’avoir un impact à grande échelle. Et pour ce faire, le capital-risqueur privilégie les partenariats public-privé (PPP) qui ont l’avantage de mettre en commun la vision exprimée par les autorités publiques avec le savoir-faire et la capacité d’investissement du privé. Pour M. DEAU, certains pays africains sont à saluer pour les efforts consentis en la matière, au nombre desquels le Sénégal et la Mauritanie.

MERIDIAM, un catalyseur dans le financement des infrastructures

Pour Thierry DEAU, MERIDIAM souhaite, avant tout, être un catalyseur afin d’amener le secteur privé africain à investir sur des maturités longues, sans toutefois sous-estimer le rôle important que doivent jouer les gouvernements africains pour améliorer l’environnement juridique et réglementaire et encourager les investissements.

En plus de la mobilisation de l’épargne locale, M. DEAU estime que le financement en monnaie locale permettra de diminuer fortement la part des emprunts étrangers dans le financement des infrastructures et donc d’en réduire le risque financier. Rappelons que la spécificité de MERIDIAM est de financer des infrastructures qui répondent aux normes et critères les plus élevés en matière d’éthique et de respect de l’environnement. Sa stratégie exclut de son champ d’intervention les investissements qui portent atteinte à l’environnement ou à la cohésion des communautés locales. Ainsi le fonds se refuse d’investir dans l’industrie extractive ou le transport de combustibles fossiles ou des infrastructures utilisant le charbon comme source d’énergie.

A. TOURE

© Magazine BUSINESS AFRICA

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