ACCOR : quels impacts de la crise sur ses projets en Afrique ? Réponse de Réda FACEH, VP Afrique du Nord et Afrique de l’Ouest.

Réda FACEH est Vice-Président en charge du Développement Afrique du Nord et Afrique de l’Ouest du groupe hôtelier ACCOR. A cet titre, il a sous sa responsabilité le développement de l’ensemble des marques de AccorHotels sur l’Afrique du Nord ainsi que sur l’Afrique Francophone, soit plus d’une vingtaine de pays.

Tout d’abord comment se porte globalement le Groupe ACCOR en Afrique du Nord et de l’Ouest ?

La pandémie mondiale n’a malheureusement pas épargné le continent africain et cela a eu forcément un impact désastreux sur l’hôtellerie dans la région en 2020. Néanmoins, nous avons pu noter une certaine résilience de nos hôtels par rapport au marché grâce à la mobilisation remarquable de nos équipes sur le terrain. Cet impact a été en revanche beaucoup plus limité sur nos projets de développements ou si nous avons ressenti un léger ralentissement en 2020, nous assistons en 2021 à un rythme de développement plus soutenu et proche de la période post pandémie.
Cela s’explique principalement par la confiance des investisseurs pour cette région à fort potentiel de croissance et à leur capacité à se projeter vers l’avant. Face aux incertitudes de la crise mondiale actuelle, la confiance des investisseurs s’appuie sur le fait que l’industrie mondiale du tourisme est l’une des seules industries à avoir enregistré chaque année une croissance positive depuis plus de cinquante ans jusqu’en 2019. A cela s’ajoute le fait que cette industrie a toujours su rebondir très rapidement aux différentes crises qu’elle a pu traverser. Son potentiel de croissance n’est donc plus à démontrer. Compte tenu que le délai de développement d’un projet est de plusieurs années, certains investisseurs voient en la période actuelle le parfait « momentum » pour développer des hôtels et les ouvrir en pleine période de reprise.

La COVID a durement frappé le secteur touristique, notamment en Afrique. Quelles stratégies comptez-vous adopter pour minimiser l’impact de cette crise sanitaire qui semble s’installer dans la durée ?

La pandémie nous a poussé à innover, à se ré-inventer, à accélérer le développement de nouvelles offres pour remporter ce que nous appelons « la bataille du chiffre d’affaires ».
La question cruciale a été comment continuer à générer du chiffre d’affaires dans un environnement sous fortes contraintes.
La principale mesure a été de renforcer l’attractivité de nos hôtels en diversifiant notre offre afin qu’elle réponde à une demande plus large ainsi qu’à de nouveaux besoins.
Ce qui illustre peut-être le mieux cette évolution est certainement notre programme de fidélité Accor Live Limitless connu sous le nom « ALL ».
Son positionnement Lifestyle récompense nos clients non plus uniquement lorsqu’ils voyagent mais les accompagnent dans leurs besoins au quotidien à travers leurs moment clés que sont : Live, Work and Play.
Ils peuvent désormais utiliser leurs points dans nos restaurants et bars même lorsqu’ils ne logent pas à l’hôtel. Nous avons fortement enrichi nos partenariats afin d’accompagner leurs passions à travers par exemple le football avec le PSG, des festivals comme le Festival du Film de Marrakech, la gastronomie à travers des cours culinaires, etc…
Nous avons mis en place une collaboration avec Visa pour leur proposer une carte de paiement adossée à notre programme de fidélité.
Notre programme de fidélité a été fortement récompensé ces deux dernières années par de nombreuses distinctions internationales confortant la stratégie prise.

Après son lancement il y a trois ans, quel a été l’apport sur le développement du secteur hôtelier africain, du Kasada Hospitality Fund créé sous l’impulsion du Groupe ACCOR et de la Qatar Investment Authority ?

Kasada Capital Management se veut être une plateforme d’investissement indépendante dédiée à l’hôtellerie en Afrique Sub-saharienne.
Il est fort de constater qu’elle a été fort active depuis sa création puisqu’elle détient aujourd’hui 10 hôtels pour 2 016 chambres et emploie plus de 800 collaborateurs au Cameroun, Cote d’Ivoire, Namibie et Sénégal.

En Afrique de l’Ouest, le Groupe ACCOR s’illustre à travers des enseignes comme NOVOTEL, PULLMAN ou SOFITEL, qui restent des hôtels pour une classe sociale plutôt aisée. A quand des hôtels pour la classe moyenne africaine ?

Nous accueillons déjà la classe moyenne africaine à travers des enseignes telles que Ibis voire Novotel. Certains Ibis en Afrique peuvent enregistrer jusqu’à 50% des nuitées qui proviennent d’une clientèle africaine ou résidente en Afrique ce qui n’était pas le cas il y a une décennie.
Cela démontre bien une forte évolution de la classe moyenne en Afrique qui se déplace non seulement localement mais aussi dans les pays de la région.
Nous travaillons aussi en parallèle au développement de nouvelles offres très prisées par la clientèle africaine tels que notamment les Aparthotel qui après l’ouverture du 1er Adagio en Afrique à Casablanca, sommes en train d’en développer un second à Abidjan ainsi qu’un Novotel Living à Conakry.

Vous avez récemment signé un partenariat avec KAKANDE IMMOBILIER en Guinée, de quoi s’agit-il ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Kakande Immobilier, filiale du Groupe Guicopres, est un développeur immobilier très actif en Guinée et dans le cadre de sa stratégie de développement souhaite devenir un acteur majeur dans l’hôtellerie en Guinée.
Nous avons eu le plaisir d’être sélectionné par leur Président Monsieur Kerfalla Camara pour les accompagner pour la gestion de leurs deux projets hôteliers à Conakry qui seront exploitées sous les marques Novotel et Novotel Living.
A cet effet, une cérémonie de signature des contrats de gestion a été organisée le 28 Novembre dernier à Dubai.
Cela marque le grand retour de Novotel en Guinée avec un projet 120 chambres bénéficiant d’un emplacement privilégié en bord mer tout en étant en centre-ville. Il disposera en outre d’un lounge « roof-top », d’une piscine, d’un fitness & SPA et d’un Centre de Conférence International de plus de 1 500 mètres carrés, avec des salles de réunions plénières et de sous-commissions, qui en feront l’hôtel idoine pour les séminaires résidentiels de la capitale.
Pour Novotel Living, il s’agira du premier projet de la marque en Afrique à travers un apart-hôtel de 80 clés.
Il s’insèrera dans un ensemble harmonieux comportant des boutiques de luxe, un food-court, un restaurant panoramique, un fitness & SPA, des plateaux de bureaux et des lofts résidentiels privés.

Propos recueillis par A.C. DIALLO

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