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Interview Exclusive – Nadine TINEN, CEO de PwC Afrique Francophone Sub-Saharienne

CEO & Territory Senior Partner de PwC Afrique Francophone Sub-Saharienne, Nadine Tinen dirige une équipe d’environ 800 collaborateurs au nombre desquels des experts multisectoriels (Audit, Conseil juridique et fiscal, Ingénierie financière…) et une trentaine d’Associés. Répartie sur une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest du Centre et à Madagascar, cette équipe couvre 17 pays de l’espace francophone au sud du Sahara.

Depuis sa prise de fonction en 2017, Nadine Tinen, en ligne avec la vision de PwC AFSS: “Participer activement au développement de l’Afrique en accompagnant les acteurs de son développement : sociétés, entreprises, communautés, capital humain”, a engagé un vaste chantier de transformation au sein de PwC AFSS avec pour objectif de “Conduire la transformation de PwC dans les pays d’Afrique francophone afin de pouvoir mieux accompagner ses clients dans leur transformation”

Conseil Fiscal Agréé CEMAC et membre de l’Ordre National des Conseils Fiscaux du Cameroun, elle est Diplômée de l’Université de Bourgogne (Dijon) où elle a obtenu un DESS en Droit fiscal, un Magistère de Droit des Affaires, Fiscalité et Comptabilité et un Diplôme International de Droit Fiscal européen. Nadine Tinen a commencé sa carrière chez PwC Cameroun en 1996.

Pouvez-vous faire une brève présentation de PwC Afrique Francophone Sub-saharienne ?

PwC en Afrique francophone sub-saharienne, c’est plus de cinquante années de présence. Cette zone couvre l’Afrique de l’Ouest, du Centre et Madagascar. Nous avons 13 bureaux dans 11 pays à partir desquels nous couvrons 17 pays de l’aire francophone. Notre équipe pluridisciplinaire est constituée de près de 800 collaborateurs dont une trentaine d’associés. Nous avons également une diversité du genre que j’aime rappeler, en effet nous avons plus de 42% de femmes dans nos équipes.

Quel type d’accompagnement effectue PwC auprès des entreprises et des États ? Y a- t-il eu une évolution de cet accompagnement au fil des années ?

Nos trois activités principales demeurent nos métiers traditionnels que sont l’expertise comptable, le conseil juridique et fiscal ainsi que le Conseil (Advisory) que nous apportons, aussi bien aux entreprises qu’aux États dans l’élaboration de leurs stratégies. Lorsque l’on parle par exemple de diversification économique, cela nécessite la mise en œuvre de plans stratégiques, de politiques sectorielles à définir. Ces questions sont gérées dans le cadre de l’activité de conseil mais avec l’intervention d’équipes multidisciplinaires, afin de construire la solution appropriée.
S’agissant de l’évolution de notre approche, je pense qu’elle est permanente. La pandémie du Covid-19 est venue mettre en évidence cette approche que nous voulons innovante et anticipative, en proposant aux entreprises et aux Etats que nous accompagnons, des missions d’assistance afin qu’ils puissent repenser leurs stratégies et anticiper sur les prochains chocs qui seront inévitables.

Y a t-il une différence d’approche différente selon que la sollicitation vient d’une entreprise ou d’un gouvernement ?

Non, nous adoptons la même démarche qualité, avec un objectif commun qui est la valeur ajoutée. A partir de cela, les équipes qui travaillent et les services que nous proposons, aussi bien aux entreprises du secteur privé qu’à celles du secteur public ainsi qu’aux gouvernements, sont strictement de même nature, sous réserve des conditions liées aux exigences régaliennes de l’Etat.

A quelle échelle la Covid-19 a-t-elle impacté vos activités ?

La Covid-19 a bien sûr impacté l’ensemble des activités et pas seulement en Afrique. On a fait le constat à l’échelle globale. En ce qui concerne particulièrement les activités de conseil, ce que nous observons c’est un accroissement de la demande, dans la mesure où, que l’on soit du secteur privé ou du secteur public, il s’agit d’abord et avant tout de faire le bon diagnostic pour apporter les solutions appropriées. Et pour ce faire, en plus des compétences internes à ces organisations, l’apport et l’appui de PwC est un facteur différenciant. Nous intervenons donc pour « brainstormer » sur la base de notre connaissance historique du marché et de notre expertise internationale et multisectorielle.
Donc en résumé, la Covid-19 a mis en évidence l’urgence pour les entreprises et les Etats, d’apporter une transformation à leur organisation. Nous sommes donc sollicités pour faire un diagnostic et proposer des solutions.

Pensez-vous que les recommandations que vous formulez à l’issue de vos missions sont effectivement suivies par vos clients ?

Je ne parlerai pas des métiers de l’audit qui sont en général très réglementés, avec des exigences strictes. Mais s’agissant du Conseil ainsi que des stratégies d’accompagnement, je pense que les recommandations sont suivies, appliquées et mises en œuvre dans 85% des cas, car elles sont le fruit d’une opération de co-création. Dans notre démarche, il ne s’agit pas d’imposer des solutions toutes faites. Nous travaillons avec nos clients, dans une démarche conjointe, à définir les enjeux et challenges propres à leur organisation et à apporter ensemble des solutions. Ce que nous produisons comme rapport n’est autre que le fruit d’un travail collectif.

Quelle analyse faites-vous de l’entrée en vigueur de l’accord sur la Zone de libre échange commercial africaine (Zlecaf) ?

Ma première analyse est que cet accord de libre échange est réellement ce qu’il faut pour que l’Afrique puisse entamer son chemin de croissance inclusive et de développement. L’accord tel qu’il est rédigé inclut véritablement toutes les réformes qu’il conviendrait de mettre en œuvre.
Ma deuxième analyse porte sur comment cet accord sera-t-il réalisé. Car c’est une chose de faire un bel accord et une autre de pouvoir le mettre en œuvre. Il faut noter que lorsque cet accord a été rédigé, nous n’étions pas encore en période de Covid-19 et nous pouvons nous interroger sur sa mise en œuvre avec ce nouveau contexte.
Pour que cet accord soit pleinement mis en œuvre, il va falloir surmonter plusieurs obstacles. Au nombre de ces obstacles il y a les réformes qui s’imposent et qui doivent être mises en œuvre rapidement. Et quand on parle de libre échange, il ne s’agit pas seulement des marchandises, il s’agit également de la circulation des personnes. Aujourd’hui comment peut-on assurer une meilleure circulation des personnes à l’échelle du continent africain ?
L’autre élément important est le développement des capacités. Pour que cet accord puisse apporter pleinement ses effets, il faudrait qu’à l’intérieur de chaque pays-membre adhérant à cet accord, on puisse accélérer le développement des compétences.
Dernier élément, il faudrait s’interroger sur les accords passés entre les Etats-membres et les pays tiers, autrement dit, comment concilier la nécessité de développement d’un marché commun, la protection de son marché domestique et les enjeux inhérents à la mondialisation.
A mon avis, tout ceci nécessite de bien revoir les challenges clés auxquels il faut faire face rapidement au risque de voir un bel accord dont la mise en œuvre n’est pas suivie d’effets.
En résumé, je dirai concernant cet accord, qu’il va falloir redéfinir, dans le cadre d’une feuille de route spécifique, les priorités à adresser, le timing, et les résultats escomptés.

Quelle peut être la contribution de PwC dans l’atteinte de ces résultats escomptés ?

Toute notre action est de construire la confiance dans la société afin de résoudre les problèmes. Le développement de l’Afrique est une priorité et pour cela, nous sommes tous mobilisés à apporter notre expertise suivant les valeurs de PwC qui sont : travailler ensemble, prendre soin des autres, agir avec intégrité, faire la différence et réimaginer le possible.

Propos recueillis par A.C. DIALLO

© Magazine BUSINESS AFRICA – 2021

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