« La défiscalisation des produits d’assurance serait une bonne démarche » Ibrahima MEITE, PDG de African Mutual Global Services (AMGS) SA
Ibrahima MEITE, dirige African Mutual Global Services (AMGS). Après une riche carrière au sein de compagnies d’assurance de renom, notamment SUNU Assurances IARD Côte d’Ivoire où il fut directeur général adjoint et le Groupe NSIA où il fut directeur technique et actuariat, Ibrahima MEITE se lance et crée sa propre entité : AMGS, un cabinet de gestion des opérations d’assurance et risques d’entreprise. INTERVIEW
Vous avez créé il y’a quelques mois à Abidjan votre propre cabinet African Mutual Services (AMGS), quelle est la spécificité de son offre sur le marché ?
Nous sommes en fait des grossistes. Nous sommes à mi-chemin entre la compagnie d’assurance et le courtier classique. En d’autres termes, on n’est pas compétiteur ni des assureurs ni des courtiers. La spécificité que nous apportons c’est le conseil sur les opérations d’assurance. Nous concevons des produits que nous faisons porter par les compagnies d’assurance et qui seront commercialisés par des courtiers.
Le but c’est de pouvoir pénétrer des segments de clientèle que les assureurs traditionnels n’arrivent pas à atteindre.
Le monde est aujourd’hui impacté par le Convid19. Pensez-vous qu’il y aura un avant et un après dans le secteur de l’assurance en Afrique ?
Oui bien entendu. Mais je ne suis pas aussi alerte que certains. Je pense que pour nous africains, le covid19 va faire prendre conscience de la nécessité d’être plus regardant sur la nature et les clauses des contrats d’assurance. Je pense donc que c’est une opportunité pour les assureurs et pour tous ceux qui peuvent concevoir les produits et apporter la sécurité en cas de pandémie.
Justement, du côté des compagnies d’assurances, quels produits spécifiques peuvent-elles proposer pour assurer de tels risques ?
En fait tout dépend du risque à couvrir. S’il s’agit de la perte d’exploitation ou des préjudices corporelles, bien sûr on peut concevoir des produits et les faire commercialiser avec le bon sens auprès de la population. Concevoir un produit d’assurance n’est pas compliqué en soi, mais faire en sorte que la population ait conscience qu’ils lui sont utiles, là est la difficulté.
Et que pensez-vous de l’idée de mettre en place un mécanisme de mutualisation Etat-compagnies d’assurance pour créer un régime de couverture des risques pandémiques ?
Pourquoi pas. Je suis partisan de ce type de partenariat. Dans tous les cas, il existera toujours une assurance complémentaire pour couvrir certains risques.
Quels sont aujourd’hui, selon vous, les grands enjeux du secteur des assurances en Afrique ?
Pour moi, le vrai enjeu est de permettre au citoyen lambda mais aussi aux investisseurs de pouvoir se baser sur l’industrie des assurances pour avoir de la sécurité. On oublie souvent que les buildings que l’on voit à New York ont été construits parce qu’il y avait des assureurs. L’enjeu c’est la pénétration de l’assurance et les moyens à mettre en œuvre pour y arriver.
On parle beaucoup de la digitalisation du secteur…
Il est vrai que la digitalisation va permettre d’atteindre le plus grand nombre de personnes notamment via les smartphones. Il faudra aussi certainement adapter la réglementation et la rendre beaucoup plus souple.
Parce que vous pensez qu’il y a des efforts à faire côté réglementation ?
On peut toujours améliorer les choses. Je suis par exemple de ceux qui pensent qu’une défiscalisation des produits d’assurance serait une bonne démarche. Cela permettrait une plus forte pénétration du marché. Il y a également le capital minimum de 5 milliards, exigé par le code Cima pour les compagnies d’assurance. Je trouve que ce montant est quelque peu élevé et peut être comme un frein au développement de l’assurance.
S’agissant du Code Cima, quel bilan en faites vous ? Faut-il le réviser ?
J’en appelle au Code Cima pour qu’on ait rapidement un marché unique de l’assurance. Comme cela le marché sera beaucoup plus dynamique.
Pour revenir à AMGS, quelles sont vos perspectives à moyen terme ?
Nous prévoyons un développement d’abord sous régional. Après la Côte d’Ivoire, ce sera le Sénégal, toujours en tant que courtier grossiste et courtier en réassurance nous restons sur notre segment car nous pensons qu’il y a une forte demande. Dans les cinq ou six prochaines années, nous comptons nous installer progressivement dans la zone UEMOA afin d’assister au plus près nos clients.
Propos recueillis par A.S TOURE
©Magazine BUSINESS AFRICA- 2020