ANALYSE

Le député français Jean-François MBAYE fustige le silence des autorités politiques et monétaires de l’UEMOA sur la réforme du Franc CFA.

C’est le jeudi 10 décembre 2020 que l’accord de coopération monétaire qui consacre la suppression du franc CFA a été ratifié par l’assemblée nationale française. Par cet acte de haute signification politique, la France procède au retrait de ses représentants des instances monétaires (notamment la BCEAO) et met fin à la constitution de réserves de change dans les comptes du Trésor public français. Interrogé sur RFI, le député Jean-François MBAYE, par ailleurs rapporteur de ce projet de loi de ratification, a fustigé le silence, pour ne pas dire l’inertie des autorités politiques et monétaires africaines et plus particulièrement celles de l’UEMOA sur le sujet. Il leur reproche de n’avoir entrepris aucune réflexion sérieuse afin d’évaluer l’impact de cette réforme sur leurs économies.

« Nous ne pourrons avoir un succès de cette réforme que si des choix politiques qui seront faits par les responsables des États concernés sont pertinents. Et c’est pour cela qu’il faut que les Etats africains, les Parlements, l’opinion publique, la société civile disent ce qu’ils veulent faire sur cette question. On ne peut pas continuer à reprocher à quelqu’un de faire du maquillage si vous-même vous n’allez pas au fond de la question » a déclaré, quelque peu ulcéré Jean-François MBAYE. Pour lui, les Etats africains ne jouent clairement pas leur partition.
« A ce jour, nous n’avons aucun Parlement africain qui ait fait ce travail de fond que le Parlement français a fait, c’est-à-dire le passage en commission avec un rapport pour avis en commission des Finances, avec un rapport au Sénat qui a été publié, avec une commission des Affaires étrangères qui l’a examiné au fond, et un passage en séance publique à l’Assemblée nationale qui actera la ratification de cet accord. Il n’y a pas un Parlement de la zone UEMOA qui l’a fait, pas un. Ni le comité interparlementaire, ni la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest ne s’est saisi de cette question. Quand vous avez un sujet aussi sensible, aussi important puisqu’on parle quand même de question de souveraineté monétaire, il me semble important que nos collègues et nos amis parlementaires africains puissent aussi débattre au fond de cette question » a martelé le parlementaire qui estime que la réflexion doit être posée autour d’un certain nombre de principes. Il a pour cela, invité les autorités africaines à ouvrir le champ des perspectives sur l’intégration régionale et sur la construction de la monnaie unique, avec une réflexion approfondie sur la convergence des économies. Toutefois précise t-il  » Tout ceci, c’est au Parlement et aux États africains de s’en emparer. Une fois que la réflexion sera posée à leur niveau, bien entendu, la France y répondra. Aujourd’hui, il n’y a aucun État africain de la zone UEMOA avec lequel nous avons conclu cet accord qui nous demande expressément de ne plus garantir le franc Cfa ».

Rappelons que 14 pays d’Afrique francophone utilisent le Franc CFA, une monnaie créée en 1945. C’est le 21 décembre 2019, que les huit pays membres de la zone UEMOA et la France ont décidé une réforme d’envergure du franc CFA qui devra s’appeler l’Eco. Le maintien de sa parité actuelle avec l’euro ne cesse de faire débat.

A. Koné

©Magazine BUSINESS AFRICA- 2020

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