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« Etre une femme manager est plus qu’un atout pour l’entreprise » Nafissatou Sanwidi Traoré, D.G de YILMA SA

Nafissatou SANWIDI TRAORE est titulaire d’un Master 2 en économie de la firme et des marchés obtenu à l’université des Sciences économiques de Montpellier en France, après l’obtention d’un baccalauréat scientifique. Sa carrière professionnelle débute dans le secteur bancaire où elle passe huit années. Elle y occupa successivement les fonctions de Directrice des achats et des moyens généraux, de Directrice commerciale chargée des professionnels et celle de Directrice des activités de recouvrements. C’est suite à cette expérience dans le secteur bancaire qu’elle s’oriente vers le secteur industriel en acceptant, en mars 2019, d’assurer la direction de YILMA SA, une unité industrielle spécialisée dans la production d’eau minérale.
Dans cette interview, Nafissatou SANDWIDI TRAORE, nous livre ses sentiments sur l’évolution du Management féminin en Afrique et dévoile ses ambitions pour YILMA SA.

Quelle appréciation portez-vous sur le management féminin en Afrique et plus spécifiquement au Burkina Faso ?
Les femmes sont-elles, selon vous, promues sur les mêmes critères que les hommes, aux fonctions managériales ?

Il y a certes des avancées, mais je pense que l’on est encore loin du compte. En termes de parité homme femme il faut reconnaitre une prise de conscience assez visible, sur la nécessite d’intégrer les femmes dans les instances dirigeantes et il y a des motifs d’espérer.
Au Rwanda par exemple plus de la moitié des parlementaires sont des femmes.
Le Burkina Faso n’est pas en reste de cette prise de conscience, selon l’indice de l’égalité genre de la Banque Africaine de Développement, publié en novembre 2015, le Burkina se situe à la 22ème place sur 52 Pays devant le Nigeria, le Maroc, le bénin le Sénégal et la Côte d’ivoire.
En illustration, la première Banque du Burkina Faso est actuellement dirigée par une femme et plusieurs institutions sont également digérées de main de maitre par des femmes.

Vous êtes aujourd’hui à la tête d’une unité industrielle de référence au Burkina Faso. Avez-vous rencontré des obstacles ou contraintes pour en arriver là ?

Les obstacles que l’on rencontre à mon sens en tant que femme dans des postes de management sont à peu près similaires dans les pays africains, indépendamment du domaine d’activités. Néanmoins la difficulté est plus grande quand l’environnement est plus masculin, ce qui est finalement mon cas dans une société industrielle.
J’ai néanmoins eu la chance d’avoir eu affaire à des dirigeants qui croyait en la femme et en ses capacités. Ce qui n’est bien évidemment pas toujours le cas en ce qui concerne les équipes.
Avec les équipes qui sont le plus souvent plus masculines, il faut arriver à se légitimer non seulement par ses connaissances et ses compétences, mais aussi par son exemplarité et par sa rigueur.
Il faut aussi arriver à se forger un caractère d’acier et être très résistante face aux stéréotypes basés sur le genre.
Mais une fois que la machine est lancée, la mayonnaise prend tout seul et vous n’avez qu’à dérouler sans oublier d’y mettre du cœur, de l’humaniste, de la féminité et de la tendresse (sans trop en faire), car au final c’est ce qui va vous différencie positivement d’un manager homme.

Dans l’exercice de vos fonctions, pensez-vous que le fait d’être une femme est, aujourd’hui, un atout ou plutôt un handicap ?

Il est important en amont de préciser que l’on soit femme ou homme, l’obligation de résultats est le premier objectif.
Notons cependant, que la femme, selon les valeurs africaines, est déjà une gestionnaire toute faite. Elle gère sa vie professionnelle, l’éducation des enfants, veille au bon fonctionnement de son foyer et s’occupe du bien être de son mari.
En plus de pouvoir tenir convenablement une société et atteindre les résultats escomptés, la femme y apporte en plus une touche de fraicheur qui est intrinsèque à son statut de femme.
Il va donc de soi qu’être une femme manager est bien plus qu’un atout pour l’entreprise.

Y a t-il, selon vous, certaines spécificités propres au management féminin ? Si oui, quelles sont-elles ?

Même si le style de management est lié à la formation et aussi au caractère, il faut reconnaitre qu’il y a certaines spécificités liées au management féminin. La femme s’appuie sur les relations personnelles, elle est porteuse de valeur, elle prône un style participatif elle est plus conciliante.

Avec les responsabilités qui sont les vôtres, comment arrivez-vous à concilier vie professionnelle et vie familiale ?

Ce n’est pas toujours facile de concilier la vie professionnelle et la vie familiale au quotidien et surtout lorsque le travail empiète sur les week-ends et les vacances.
Mais pour ma part je peux dire que j’ai énormément de chance par j’ai un époux qui milite fortement pour l’émancipation de la femme.
Il est donc assez patient et compréhensif en ce qui concerne mes obligations professionnelles.
On pense souvent à tort, à mon avis, que l’on a besoin de sacrifier la vie familiale quand on a des ambitions de se situer dans le top management d’une entreprise.
Pour un équilibre vie familiale, vie professionnelle, quand on est femme et qu’on aspire à une grande carrière, le choix de l’époux est éminemment important et une fois dans le mariage la communication doit être une des forces du couple.

Comment faire, selon vous, pour accroitre le nombre des femmes dans le Top management des entreprises en Afrique ? La discrimination positive est-elle une bonne solution ?

Les femmes doivent elles-mêmes, en mon sens, prendre leurs destins en main. Personne ne viendra faire le travail à notre place.
La case dans laquelle la société s’emploie à nous mettre ne doit pas être une excuse.
Nous devons nous battre pour avoir la place et la reconnaissance qu’on mérite et cela passe par plusieurs éléments :
D’abord, une bonne formation : en plus de la formation académique, il faut s’éduquer, utiliser les réseaux sociaux à bon escient pour se former, il faut beaucoup lire et parfaire sa culture générale.
Il faut ensuite un développement de la confiance en soi : croire en ses capacités, afin de mieux gérer ses émotions pour l’atteinte des objectifs que l’on se fixe.
Il faut avoir de l’audace, le courage d’oser, de prendre sa place parmi les autres dans le respect.
Il ne faut pas craindre de prendre des initiatives car la meilleure manière de réussir c’est l’apprentissage par l’échec.
Enfin, il faut de la persévérance.
Il est important de développer une forte capacité de résistance, résistance à la pression sociale, résistance aux obstacles qui pourrait nous dérouter de notre objectif.

Un mot sur l’actualité de YILMA SA, quels sont les grands axes sur lesquels vous travaillez actuellement et comment envisagez-vous le développement de cette entreprise dans les prochaines années ?

Aujourd’hui Yilma travaille à mieux se positionner sur le marché.
A court terme nous souhaitons talonner le leader depuis plus de 30 ans du marché et dans quelques années, être l’eau de préférence et de référence au Burkina et dans les pays voisins.
Il est bien vrai que Yilma est déjà présent au Niger, mais nous travaillons également à mieux pénétrer les autres pays de la sous-région.
Dans notre plan d’action, nous souhaitons également agrandir la gamme de produits de Yilma, afin de parfaire notre offre, conquérir de nouveaux marchés et être un fleuron de l’industrie agro-alimentaire au Burkina et dans la sous-région.
La production industrielle de l’eau minérale est soumise à des exigences de qualité très strictes.

Au niveau de YILMA SA, quelles sont les mesures prises pour le respect de ces exigences ?

En plus des bonnes pratiques d’hygiène, hygiène des locaux et du personnel notamment, Yilma effectue périodiquement des contrôles et des surveillances de la source d’eau et du produit fini, par le biais du laboratoire national de santé public et de l’Office nationale de l’eau de l’assainissement.
Yilma est équipé de laboratoires hautement qualifiés, qui assurent la surveillance et le contrôle continue du produit tout au long de la production, notamment le prélèvement d’échantillon à chaque heure de la production pour contrôle, ceci afin de nous assurer de la qualité microbiologique, physico-chimique, organoleptique et de sa conformité.

Dernière question, quels sont les avantages concurrentiels que présente l’eau minérale YILMA ?

Un des principaux avantages de Yilma est la vigueur, le matériel et les processus déployés pour assurer une eau de qualité.
Aussi, le mode de traitement de l’eau utilisé par YILMA (système de filtration) permet de conserver la composition minéralogique naturelle de l’eau, contrairement à d’autres modes de traitements.
Yilma est fortement riche en éléments minéraux (le calcium et magnésium principalement). De par son Ph (7.2), proche de la neutralité, l’eau est digeste et permet d’éviter les acidités gastriques qui se manifestent par des remontées acides.

Propos recueillis par A.C. DIALLO

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