Economiste et technologiste de formation, stratégiste de profession, Félicia Djibo a effectué l’essentiel de son cursus universitaire et la moitié de sa carrière professionnelle aux États-Unis.
A l’issue de ses études supérieures, elle est embauchée comme » IT Coordinator » dans une entreprise américaine avant de rejoindre Deloitte US en 2005 en qualité d’expert en risques technologiques.
S’en suit une incursion de quelques années au sein de la pratique Advisory de Deloitte US dans différents secteurs : financier, consumer, énergie…
Basée alors à New-York, elle pilotera de nombreuses missions en Afrique, ce qui finit par la convaincre de rejoindre son pays natal, la Côte d’Ivoire. Ce sera fait en 2018.
Aujourd’hui, Félicia Djibo est Associée de Deloitte Afrique francophone, en charge du Consulting en Côte d’Ivoire.
Tout d’abord, en quoi consiste principalement votre activité au sein de Deloitte Côte d’Ivoire ?
Je suis Associée Consulting, je dirige donc le métier du conseil, plus précisément l’appui à la stratégie des entreprises et des organisations gouvernementales ou para-gouvernementales.
Je propose également les plans de développement, les études de marché en adéquation avec les besoins de nos clients, afin d’aller vers l’efficacité opérationnelle.
En combinaison avec ces missions, je m’appuie toujours sur les trois lignes de services que sont: le capital humain, les axes business et les outils technologiques.
En parallèle, je gère pour Deloitte, Global Energy Resources & Industrials ainsi que toute notre politique Diversité – Equité – Inclusion.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le concept d’efficacité opérationnelle, souvent utilisé par les stratégistes ? De quoi s’agit-il concrètement ?
Pour moi l’efficacité opérationnelle c’est, en une phrase, comment aider les entreprises à augmenter leur profitabilité, en contrôlant mieux les coûts.
En effet, la gestion des coûts est un enjeu majeur pour les entreprises.
Une organisation dans laquelle existent des fonctions redondantes, aura du mal à être efficace.
L’efficacité opérationnelle, c’est également comment développer la transformation digitale d’une entreprise, afin qu’elle produise des résultats plus précis et en moins de temps.
Estimez-vous, au regard de vos différentes missions, qu’il existe au sein des entreprises africaines et ivoiriennes en particulier, un déficit d’efficacité opérationnelle ?
Tout dépend de la taille et du type d’entreprise. Les entreprises familiales sont, par exemple, confrontées à des fossés générationnels et donc à cette problématique d’efficacité opérationnelle.
Pour les filiales des grandes multinationales, c’est une exigence permanente, souvent dictée par la maison mère.
Y a t-il, selon vous, une différence entre optimisation des performances et efficacité opérationnelle ?
Oui bien sûr. L’optimisation des performances est une composante de l’efficacité opérationnelle.
Elle consiste à avoir les bonnes personnes devant le poste pour faire le bon emploi avec les bons outils.
L’efficacité opérationnelle est le résultat d’une approche qui prend en compte : le diagnostic, les recommandations, la mise en œuvre des recommandations, le suivi et évaluation, la culture d’amélioration continue à travers des KPIs, l’évaluation périodique de leur pertinence, et bien sur, l’optimisation financière.
Pour y arriver, il est important de considérer les stratégies suivantes :
-L’automatisation des processus
-L’amélioration des procédure
-La qualité de services
-La gestion des talents à travers la formation continue, les incentives
-La communication (interne)
-La gestion de la performance : KPI/tableaux de bord / Analyse des performances
-L’orientation client : focus besoin des clients pour ajuster les services ou produits en fonction des besoins
-La culture de l’innovation
-L’innovation technologique
-La gestion du changement pour accompagner les employés sur toutes les questions de transformation organisationnelles et technologiques
-La partie outsourcing pour externaliser les activités chronophages, non essentielles et se concentrer plutôt sur les compétences clés
Comment se passe une mission de Consulting chez Deloitte CI ?
Deloitte intervient sur la base de contrats de gré à gré ou par la procédure des appels d’offres.
Chaque mission de Conseil est unique car les environnements dans lesquels elle se déroule sont à chaque fois différents.
En revanche, les méthodologies appliquées sont standardisées, avec un process qualité rigoureusement établi et suivi.
En outre, le client est impliqué dans toutes les étapes de la mission.
Notre métier de conseil est concentré sur la co-création, les décisions d’arbitrage reviennent aux clients.
Vous qui avez une expérience du Consulting à travers le monde, pouvez-vous nous dire à quels types de problématiques les entreprises africaines sont régulièrement confrontées ?
Les questions concernant la stratégie sont celles pour lesquelles nous sommes le plus souvent sollicités.
Cela prouve d’ailleurs que le marché commence à avoir un niveau de maturité et que les entreprises se projettent vers l’avenir.
Il y a une quinzaine d’années, cela n’était pas du tout le cas, les sollicitations se limitaient à la mise en place de modes opératoires et de procédures.
Aujourd’hui, les entreprises viennent nous voir afin que Deloitte les aide à se transformer.
Cela est dû au fait qu’elles diversifient de plus en plus leurs investissements et les exigences de leurs conseils d’administration vont dans ce sens.
Avez-vous à Deloitte, une approche particulière du Consulting, différente de celle des autres Big Four ?
Chez Deloitte, nous appliquons des méthodologies qui sont avérées et, bien sûr, il s’agit de proposer des solutions sur mesure à nos clients.
C’est la raison pour laquelle Deloitte est la première firme mondiale dans le domaine du Consulting.
Nous nous différentions par :
•Notre expertise sectorielle
•Nos services intégrés pour fournir des solutions complètes et adaptées
•Notre réseau mondial qui permet de nous appuyer sur l’expertise des autres pays et collaborateurs à portée de main, étant présents dans plus de 150 pays et dotés d’un nombre de collaborateurs supérieur à 457 000
•L’esprit de collaboration et d’innovation permanente
•Notre engagement envers la responsabilité sociale
•Nous attirons des clients de plus en plus soucieux d’éthique
•Notre large réseau de partenaires pour offrir des solutions encore plus innovantes et d’appoint.
Quelques mots sur vos activités en lien avec le leadership féminin, notamment la charge qui vous a été confiée en 2021 de piloter la stratégie de « Women in Leadership » de DELOITTE ?
J’ai hérité de cette magnifique aventure l’année où j’ai été cooptée en tant qu’ Associée de Deloitte.
Comme vous le savez, de nombreuses études ont établi que lorsque la gouvernance a un bon équilibre féminin, l’entreprise se porte beaucoup mieux, tout simplement parce que les femmes ne prennent pas les décisions de la même manière que les hommes.
Il a été constaté et documenté par plusieurs études et organisations, dont les Nations Unies, que les entreprises les plus performantes ont une meilleure représentativité des femmes dans leur gouvernance.
Au sein de Deloitte, nous organisons des sessions de formation sur le bien-être en entreprise, la gestion du post-partum, l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle…Dans certains de nos bureaux existent des lieux pour l’allaitement.
Nous avons également développé le télétravail, qui est maintenant adopté dans la quasi-totalité de nos bureaux.
C’est d’ailleurs une des actions dont je suis particulièrement fière.
Interview réalisée par A.S. Touré – © Magazine BUSINESS AFRICA