Transferts des diasporas : Des opportunités pour les opérateurs africains
Par Guillaume PAMBRUN, Directeur Général de Africa Rapidtransfer SA ( groupe Ecobank)
En 2021, les flux de transferts d’argent à destination de l’Afrique subsaharienne ont augmenté de 6,2 %, atteignant les 45 milliards de dollars selon la Banque mondiale.
Après une légère contraction en 2020, essentiellement due à la chute des transferts en direction du Nigeria, cette augmentation et ces volumes confirment sans surprise l’importance des transferts de fonds pour les économies africaines.
Ces transferts sont d’autant plus stratégiques pour les États qu’ils sont plus élevés que ceux de l’aide publique au développement.
Encore trop de freins ?
Malgré ces volumes colossaux de transferts d’argent, trop d’obstacles persistent et empêchent leur optimisation.
En effet, l’Afrique reste la région du monde où ces transferts coûtent parmi les plus chers au monde (environ 8 %), en raison des faibles quantités de flux formels et de l’utilisation des taux de change du marché informel.
Sans compter l’opacité entretenue par certains acteurs du secteur sur le coût réel de ces transferts qui multiplient les frais cachés.
De plus, la majorité de ses fonds servent encore à des dépenses du quotidien et à financer la consommation.
Néanmoins, on constate une appétence au sein des membres de la diaspora d’aller plus loin, que leurs transferts aient un réel impact sur le développement de leur pays d’origine. Tout l’enjeu est de de leur fournir des solutions adaptées à leur ambition.
Enfin, dans un monde de plus en plus mobile, les réglementations financières ont parfois des difficultés à s’adapter à ces évolutions.
Elles ont été bâties sur le principe que les personnes dépensaient leur argent dans les pays où ils gagnent leur vie, rendant trop complexe encore les transferts internationaux. Un travail d’harmonisation des réglementations est essentiel pour fluidifier ces flux.
Quel rôle pour les opérateurs de transferts de fonds ?
Si une partie des différents obstacles évoqués précédemment dépendent des autorités publiques, les acteurs privés ont également un rôle à jouer, notamment africains sur les corridors avec l’Afrique.
Vis-à-vis des autorités publiques, ces opérateurs doivent jouer la partition de la complémentarité.
Alors que de plus en plus de pays africains cherchent à attirer et canaliser les flux de la diaspora vers de l’investissement productif, à l’image de la récente initiative sénégalaise avec le lancement du fonds diaspora DER/FJ, les opérateurs privés peuvent accompagner les États dans la mise en place de véhicule dédiée à statut partagé public-privé pour plus d’efficacité.
L’expérience de la création d’une offre, d’un service et de la relation client sont autant d’expertises que le privé peut apporter au public.
Vis-à-vis des utilisateurs, le premier impératif des opérateurs est de réussir la transition d’un simple outil de transfert à une véritable offre de services pouvant accompagner les membres de la diaspora aussi bien pour ouvrir un compte bancaire dans leur pays d’origine ou leur faciliter l’accès à des investissements productifs.
Penser des services flexibles et sur-mesure implique le basculement vers des solutions plus interactive et participative que seul permet d’offrir le digital.
Dans un marché mondialisé des acteurs de transferts de fonds, les acteurs bénéficient à la fois d’une légitimité et d’une expertise qui fait la différence avec des opérateurs internationaux sans racines.
En utilisant leurs atouts, les opérateurs africains ont toutes les cartes en mains pour prendre le leadership sur les solutions de transferts d’argent, notamment sur le corridor Europe – Afrique.