« Nous voulons être une référence en Afrique » Sébastien Kadio-Morokro, D.G. de Petro-Ivoire
La croissance d’une entreprise engage de nombreux changements en très peu de temps. Pour Petro-Ivoire, elle résulte certes d’une dynamique du secteur d’activité mais également et surtout d’une bonne vision du leadership. Fondée en 1994, cette entreprise est aujourd’hui un des leaders de la distribution de produits énergétiques (carburant et gaz) en Côte d’Ivoire et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Son Directeur Général Sébastien Kadio-Morokro aborde les enjeux de ce secteur si particulier et nous édifie sur ses ambitions pour Petro-Ivoire.
En 1994, vous inauguriez votre première station-service, 27 ans après vous possédez 77 stations. Pouvez-vous en quelques mots nous résumer le parcours de PETRO IVOIRE ? Et quels ont été les temps forts de cette croissance ?
Après l’ouverture des deux premières stations Reine Pokou et Belleville, nous avons travaillé à mettre en place un plan de gestion pour garantir l’accompagnement des banques, cela a été une étape laborieuse. Après il fallait trouver des emplacements opportuns pour maximiser les volumes de nos sites. Puis nous avons opté pour la diversification en nous lançant dans le segment gaz. Les investissements étaient lourds et les besoins du marché favorables. Pour réussir ce pari, nous avons ouvert notre capital à des fonds d’investissement notamment et avons renforcé notre gouvernance. Nous avons également investi dans le stockage du gaz butane en étant à l’initiative de la création de la société SAEPP afin de garantir notre position de leader sur le marché du Gaz. Nous poursuivons notre parcours par l’extension de notre réseau et travaillons à offrir des services innovants comme c’est le cas avec notre nouvelle application.
Quels sont vos acquis aujourd’hui et comment envisagez-vous votre progression sur le marché du pétrole ?
Aujourd’hui PETRO IVOIRE occupe la troisième place sur le marché de la distribution de produits pétroliers liquide et la première place sur le segment gaz. Nous entendons, grâce à notre plan d’investissement, conforter notre positionnement sur le segment gaz et accroitre significativement notre part de marché sur les produits liquides afin d’y jouer les premiers rôles à moyen terme.
Pensez-vous que les dispositions légales et la réglementation du secteur pétrolier sont favorables à l’émergence et au développement de nouveaux géants pétroliers de votre envergure ? si non que faut- il améliorer ?
De prime abord il faut dire que chaque secteur a sa règlementation avec ses contraintes, mais cela ne devrait pas être un frein à l’émergence de champions nationaux avec de la volonté et du travail. De plus il faut être conscient de l’impact écologique et des risques spécifiques de notre activité qui justifient certaines dispositions règlementaires. Toutefois certains sujets comme l’amélioration des marges de distribution et les moyens de lutte contre la fraude dans le secteur pour assurer une concurrence saine doivent être traités rapidement.
Nous avons vu des marques pétrolières qui, après plusieurs années d’existence ont été rachetées… pouvez-vous nous citer quelques contraintes majeures auxquelles il faut être préparé lorsque l’on veut se lancer dans la distribution de produits pétroliers ?
Belle question, la première chose à savoir c’est que dans la distribution des produits pétroliers les chiffres d’affaires sont énormes et les marges très infimes. Il faut donc une gestion pointue, axée sur la maitrise de ses charges. La deuxième contrainte c’est la maitrise de la gestion des stocks et de l’approvisionnement. Et une dernière contrainte et non des moindres qu’il convient d’évoquer c’est le financement de la croissance compte tenu des investissements lourds qui y sont nécessaires. En somme il est important d’être un professionnel du métier et avoir une vision avant de se lancer dans cette activité.
Beaucoup de secteurs d’activité ont été impactés par la crise du COVID-19, est-ce le cas dans votre secteur et à quelle proportion ?
Comme tout acteur économique, nous avons ressenti la crise du COVID-19, notamment dans la gestion de nos effectifs. Le respect des mesures barrières nous a amené à intégrer des solutions telles que le télétravail et diverses réorganisations de nos process afin d’assurer la sécurité sanitaire de notre personnel. Cela a été notre priorité. Ensuite les mesures de restrictions de mouvement des populations prises par le gouvernement tel que le couvre-feu, la fermeture des écoles ou encore l’isolement d’Abidjan a entrainé une baisse de la demande de l’ordre de 30%, ce qui est très significatif. Nous avons su traverser cette crise et avons même maintenu notre programme d’investissement avec notamment la construction de deux nouvelles stations-services.
Nous avons été les témoins d’une vaste campagne de communication sous le slogan « L’énergie d’un continent qui bouge », pouvez-vous nous en dire plus sur vos ambitions et perspectives pour les prochaines années ?
PETRO IVOIRE continue sa marche vers son développement et désire imposer sa marque comme la référence en Afrique. A moyen terme, il s’agira pour nous de rechercher des opportunités tant en Côte D’Ivoire que sur les marchés de la sous-région et de diversifier nos offres de produits et services. Nous poursuivrons l’amélioration de notre gouvernance par l’alignement de nos procédures aux standards les plus élevés. Enfin nous préparons la transition énergétique afin d’être un acteur majeur dans la fourniture d’énergie davantage protectrice de l’environnement dans le futur.
Propos recueillis par A.C. DIALLO
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