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Interview Exclusive – Freddy Messanvi, Directeur Général de British American Tobacco (BAT) pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale

Freddy Messanvi, basé à Accra au Ghana, est le Directeur Général de British American Tobacco (BAT) pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale.
Couvrant 25 marchés allant de l’extrême ouest du littoral africain à la République Démocratique du Congo, M. Messanvi a débuté sa carrière chez BAT dans les Affaires Institutionnelles au Congo.
Au cours de l’évolution de sa carrière dans l’entreprise, il a occupé différents postes au sein de la direction régionale au Sénégal et au Nigéria.
Dans l’interview qu’il a bien voulu accorder au Magazine BUSINESS AFRICA, M. Messanvi plaide pour une lutte plus acharnée contre le commerce illicite de cigarettes tout en se montrant confiant sur les perspectives d’évolution concernant ce fléau.

Tout d’abord, pouvez-vous nous dire quelques mots sur les activités de BAT, notamment dans la zone que vous couvrez ?

BAT est l’un des leaders mondiaux dans le domaine du tabac.
Nous sommes présents dans près de 180 pays à l’échelle internationale, tout en étant représenté en Afrique de l’Ouest depuis plus d’une centaine d’années. Nous avons démarré nos activités par des points d’exploitation stratégique, et nous sommes progressivement étendus dans les pays voisins.
Nous couvrons aujourd’hui 50% du chiffre d’affaires de l’industrie du tabac en Afrique de l’Ouest et Centrale avec des marques phares telles que Craven, Rothmans, Dunhill ainsi que d’autres marques plus connues sur le plan national.

Quelle est la contribution de BAT, sur le plan économique, dans les pays que vous couvrez ?

Notre contribution sur le plan économique, dans les marchés sur lesquels nous opérons est particulièrement importante.
Bien entendu, ceci à des échelles différentes en fonction des marchés.

Quel est l’impact du commerce illicite, qui semble être votre plus gros concurrent, sur vos activités ?

En effet, l’impact du commerce illicite de cigarettes sur nos activités est considérable et varie d’un pays à l’autre.
Dans la zone que nous couvrons, nous estimons que le commerce illicite occupe un quart du marché.
Ce qui est d’ailleurs relativement bas, comparativement à d’autres régions du monde, où cet impact peut atteindre 30 à 40%.
Ce fléau est bien sûr, un manque à gagner important pour notre industrie mais également pour les gouvernements en termes de revenus.

Pouvez-vous nous en dire plus, notamment comment est organisé ce commerce illicite ?

Plusieurs cas de figure se présentent. Toutefois, je ne vais citer que les deux cas qui nous impactent le plus.
Dans un premier temps, il s’agit de la contrebande que nous appelons « illicit ou cheap whites ».
Il s’agit en fait de cigarettes fabriquées légalement dans un pays mais dans le seul but d’être introduits en contrebande et vendus illégalement sur un autre marché, sans paiement des taxes applicables.
Pour la plupart, ce sont des cigarettes fabriquées en Asie et déclarées en transit pour l’Afrique mais qui sont finalement déversées en zone frontalière et acheminées frauduleusement pour vente dans les marchés locaux, au rabais. Il s’agit de crime organisé.
Le second cas, concerne la non-déclaration, déclaration frauduleuse ou alors une sous déclaration souvent caractérisée par la minoration des valeurs de la part de certains importateurs.

Quel est votre sentiment sur l’évolution de ce commerce illicite ? Est-il plutôt en hausse ou en baisse ?

Cela dépend des pays.
En effet, au Mali par exemple, à la suite d’une implication directe du gouvernement, une forte baisse a été enregistrée. L’adoption et l’implémentation de certaines règlementations ont permis de ralentir l’évolution de ce fléau dans certains pays comme le Togo.
En l’occurrence, il s’agit dans ce cas, de la règlementation sur le transit de cigarettes qui a permis la saisie et la destruction d’une dizaine de conteneurs de cigarettes introduits de manière illicite sur le territoire en 2018.
Le Mali a mené une grande campagne de sensibilisation des commerçants sur les méfaits du commerce illicite suivi d’une répression massive.
Comme résultat, le taux du commerce illicite est ainsi passé de 40% à 5% en moins de 3 ans.

Comment est organisée la lutte contre ce trafic ? Les mesures appliquées sont-elles à la hauteur de vos attentes ?

Je pense que nous faisons face à un problème de volonté et de priorité.
Il s’agit également de mise à contribution de moyens afin d’y remédier.
Le Gouvernement est le premier bénéficiaire dans la lutte contre le commerce illicite que cela soit sur le plan sanitaire, sécuritaire ou financier.
Je pense qu’une véritable manifestation de la volonté politique traduite en actions fortes et concrètes permettra de lutter efficacement contre le fléau.
Est-ce que les autorités douanières, les directions nationales du commerce sont suffisamment équipées pour faire correctement leur travail ? Cette lutte contre le commerce illicite est-elle une priorité pour les gouvernements ?
Nous poursuivons, pour notre part, la sensibilisation et portons le problème régulièrement, au niveau des autorités compétentes.
Certes, les efforts sont fournis mais il reste encore beaucoup à faire.
L’Etat dispose de toutes les armes et moyens pour efficacement combattre le commerce illicite de cigarettes.
Il suffit simplement de manifester sa volonté et d’en faire une priorité.

Pour revenir à BAT, quelles sont vos perspectives, en termes de lancement de nouveaux produits ?

Chez BAT, nous sommes conscients des évolutions constantes des demandes et besoins de nos consommateurs.
A cela s’ajoute la sensibilité aux risques sanitaires liés à la consommation de nos produits.
Nous travaillons en effet sur ces différents aspects et prévoyons de lancer très prochainement de nouveaux produits sur les marchés africains correspondant à ces différentes exigences.

Propos recueillis par A.C. DIALLO

© Magazine BUSINESS AFRICA – 2021

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