« Deloitte se porte très bien en Afrique » Brice CHASLES, Managing Partner Deloitte Afrique
Brice Chasles est membre du Comité Exécutif de Deloitte France et Managing Partner de Deloitte Afrique, qui regroupe l’ensemble des activités de Deloitte en Afrique francophone. Ces activités comprennent l’audit, le conseil, mais aussi les métiers autour de la gestion du risque, le M&A, l’expertise comptable. Deloitte Afrique compte environ 1000 collaborateurs couvrant 19 pays avec un modèle totalement inclusif et complètement intégré, à la fois financièrement et du point de vue managérial.
Comment se porte Deloitte en Afrique ?
Deloitte se porte très bien en Afrique. Il y a une dizaine d’années, nous étions deux cents collaborateurs, aujourd’hui nous sommes mille, ce qui donne une idée de la croissance qu’on a pu connaître ces dernières années.
Nous avons une croissance importante, notamment dans les métiers de l’audit et de l’expertise comptable qui représentent à peu près la moitié de nos activités. Nous avons l’ambition de doubler de taille dans les 5 prochaines années. Nous sommes aujourd’hui parmi les lea- ders du marché en Afrique et au niveau mondial, nous sommes leader dans l’ensemble des services professionnels à l’entreprise, conseil et audit. Notre croissance sera plus soutenue dans les métiers de conseil ou « advisory ».
Quel type de clientèle ciblez-vous ? plutôt des organismes publics ou des entreprises privées ?
On est plutôt conseil du secteur privé et notamment des grandes entreprises : banques, assurances, télécoms, agro-industries, énergies, mines, Oil & Gaz mais aussi Private Equity. On intervient dans le secteur public, plutôt sur des projets financés par les bailleurs de fonds.
Comment les entreprises africaines conçoivent-elles le conseil, comment arrivez-vous à les convaincre de l’utilité de recourir à vos services ?
De plus en plus, notre métier de conseil se déploie auprès de groupes et d’acteurs panafricains importants mais aussi des grandes multinationales, avec des besoins en matière de gouvernance, d’audit interne, de système d’information, d’efficacité opérationnel etc…
La croissance de notre activité est de plus en plus liée au développe- ment de champions africains dont certains investissent en dehors du continent africain et pourraient potentiellement devenir, demain, de grands acteurs mondiaux. Ces entreprises là, ont les mêmes besoins et les mêmes attentes en terme de services que les grandes multinationales.
Leurs dirigeants ont une connaissance très fine de leurs besoins et donc exigent des réponses avec une technicité et une qualité de service équivalentes au standard inter- national.
Le fait que l’environnement africain des affaires soit moins mature, dans certaines dimensions, est-il plutôt pour vous une difficulté particulière ?
Cela ajoute en effet plus de complexité, car il faut être capable, notamment sur des projets de transformation, de prendre en compte le contexte local qui est particulier.
Donc, un niveau d’exigence et un niveau d’attente qui sont spécifiques ainsi qu’une approche, un contexte, une culture qui sont ceux du pays. Sur certains projets, on est moins dans la réflexion stratégique et plus dans la façon dont on peut accompagner un client pour atteindre les effets et les impacts qui sont attendus.
Deloitte semble être une belle école pour accéder aux sphères ministérielles en Afrique, il y’a t-il une stratégie en ce sens ou est-ce un pur hasard ?
Non il n’y a pas de stratégie de notre part. Il se trouve effectivement que dans certains pays, d’anciens associés de Deloitte ont été nommés à des postes ministériels. Je pense que c’est dûessentiellement au talent des individus.
En revanche, il est vrai que nous offrons à nos collaborateurs, des trajectoires de carrière intéressantes et cela nous honore que des gouvernements trouvent chez eux des compétences qu’ils recherchent.
Quelles sont vos perspectives africaines pour les dix prochaines années ?
Notre stratégie est de renforcer et de monter en taille critique dans les pays où nous sommes déjà présents. Nous avons mis en place plusieurs hubs régionaux, un à Casablanca pour l’Afrique du Nord, un à Abidjan pour la partie ouest africaine et un hub à Libreville au Gabon. Il y’a un certain nombre d’investissements et de recrutements que nous faisons sur ces hubs.
C’est dire que l’on reste très optimiste par rapport aux perspectives du continent africain, tout en restant très lucide sur les enjeux et les fragilités qui peuvent exister dans certains pays.
Propos recueillis par M. Konaté